Mettez vos yeux sous de bonnes conditions d’éclairage
Les gens de vue normale, dont les yeux et l’attention opèrent en état de relaxation dynamique, peuvent se permettre de négliger les conditions extérieures de la vue.
Il n’en est pas de même pour les gens de vue défectueuse.
Pour eux, des conditions extérieures favorables sont de la plus haute importance et les mauvaises conditions environnementales peuvent accroître leur inaptitude à voir ou retarder les progrès de leur rétablissement.
Et la plus importante des conditions extérieures d’une bonne vue,
C’est un éclairage convenable.
Quand l’éclairage est pauvre, il est très difficile, en cas de défauts visuels, d’obtenir un progrès et très facile d’arriver à une aggravation.
Définition d’un éclairage suffisant et approprié
Le meilleur éclairage dont nous disposions est la pleine clarté du soleil par un beau jour d’été.
Si vous lisez à cette clarté, l’intensité de la lumière tombant sur votre texte sera de l’ordre de 10 000 Lux,
En vous déplaçant de la pleine lumière solaire à l’ombre d’un arbre ou d’une maison, la lumière tombant sur la page aura encore l’intensité de 1000 Lux environ.
Par temps nuageux, la lumière réfléchie par des nuages blancs a encore une
intensité de plusieurs milliers de Lux.
Et le jour doit être très sombre pour que l’intensité de la lumière en plein air tombe à un millier de Lux.
À l’intérieur de la maison, la lumière près d’une fenêtre dégagée aura une intensité de 100 à 500 Lux environ, selon l’éclat du jour.
Entre 3 et 5 mètres de la fenêtre, l’éclairage peut tomber à 2 Lux ou même moins, si la chambre est tapissée et meublée en couleurs sombres.
L’intensité de la lumière diminue avec le carré de la distance.
Une lampe de 60 watts donnera à peu près 80 Lux à
30 centimètres de distance,
environ 20 Lux à 60 centimètres,
9 Lux à 1 mètre
et à 3 mètres, seulement 2 Lux.
A cause de cette rapide baisse de l’intensité avec la distance, la plus grande partie d’une chambre ordinaire éclairée artificiellement ne reçoit qu’une lumière misérable.
On voit souvent des gens lire ou exécuter un travail de près sous un éclairage d’1 à 2 Lux.
Dans les bâtiments publics, écoles et bibliothèques, vous aurez de la chance si vous y disposez d’un éclairage de 5 Lux au plus.
Conséquence d’un éclairage trop faible
Que l’on puisse exécuter un travail minutieux, de près, sous un éclairage aussi misérable
en comparaison de la lumière du jour en plein air,
Constitue une épreuve à l’endurance et à la souplesse des organes de la vue et de l’esprit percepteur.
Dans ces conditions, une personne de vue normale et qui fait fonctionner ses yeux d’une manière naturellement correcte pourra supporter longtemps de mauvaises conditions d’éclairage sans avoir à en souffrir.
Mais ces mêmes conditions se révéleront désastreuses dans le cas d’une affection organique des yeux ou chez la personne dont le fonctionnement visuel est habituellement si anormal qu’elle ne peut voir sans effort ni tension.
Expérience de vision sous faible éclairage
Dans son livre, Vue et bien-être humain, le docteur Luckiesh a décrit quelques expériences très intéressantes qui montrent les conséquences fâcheuses d’un mauvais éclairage.
Ces expériences ont été créées pour mesurer la tension neuro-musculaire
(indice exact selon lui de tension, fatigue, efforts gaspillés et de pertes de forces)
dans des conditions variées d’éclairage.
Conditions de l’expérience
La lecture constituait l’exercice assigné aux sujets de ces expériences, et le degré de tension musculaire était enregistré par un appareil indiquant la pression exercée par deux doigts de la main gauche reposant sur un grand bouton plat.
Les sujets furent tenus dans l’ignorance de la nature et du but de l’investigation et même délibérément mis sur une fausse piste, ce qui élimina toute intervention de la conscience et de la volonté dans les résultats.
Résultats
Un grand nombre de tests amenèrent à la conclusion que dans tous les cas la tension neuro-musculaire subissait une forte réduction, proportionnelle à l’augmentation de l’intensité lumineuse d’1 à 100 Lux.
Cette intensité de 100 Lux est la plus forte que l’on ait expérimentée, parce qu’elle dépasse notablement la valeur moyenne de l’éclairage artificiel utilisé en général.
On eut l’impression manifeste que la tension continuerait à décroître en poussant l’intensité de l’éclairage à un millier de Lux.
Expérience n°2
Dans d’autres tests, les sujets furent exposés à des lumières disposées incorrectement, de façon à projeter une certaine lueur sur les yeux.
Cette lueur n’était pas excessive, mais d’intensité moyenne, comme des millions d’individus s’en servent habituellement dans leurs travaux et leurs jeux.
Néanmoins, elle fut bien suffisante pour augmenter considérablement l’indice de la tension neuro-musculaire sur le compteur.
Aujourd’hui, il n’existe une seule espèce de lampe électrique susceptible de fournir un éclairage d’un millier de Lux sans consommation excessive de courant.
C’est la lampe de luminothérapie décrite au chapitre de l’insolation des yeux.
De jour, les gens de vue défectueuse devraient toujours faire usage du meilleur éclairage disponible. Autant que possible, le travail minutieux de près doit être effectué près d’une fenêtre ou en plein air.
En lisant en plein soleil, il est nécessaire de maintenir les yeux dans un état de relaxation totale, à l’aide de séances courtes et périodiques de sunning et de palming.
Bien des gens trouveront la lecture plus aisée en faisant usage d’une rainure découpée dans du papier noir, comme on l’a décrit dans un article précédent.
En prenant ces précautions, la lecture sous un éclairage de 10 000 Lux peut être très favorable aux personnes atteintes de défauts visuels.
Effets de la lecture au soleil
En tombant sur le centre de la vue, l’image des caractères d’impression puissamment éclairés stimule une macula qui est devenue paresseuse, indolente, peu sensible par suite
d’un fonctionnement incorrect des organes de la vue.
En même temps, la clarté et la netteté des lettres éclairées par le soleil exercent une
influence des plus salutaires sur l’esprit, qui se débarrasse de la tension causée habituellement par l’anxiété de bien voir et acquiert en lieu et place une confiance aisée dans sa capacité d’interpréter les sensa que les yeux lui apportent.
Grâce à cette confiance et à la stimulation de l’apathique macula, il devient possible, au bout d’un certain temps, de faire fonctionner la vue avec autant d’efficacité sous un éclairage moins intense.
La lecture sous un éclairage de 10 000 Lux est un exercice de rééducation qui prépare à la lecture sous un éclairage de100 Lux seulement.
Certaines personnes sont particulièrement sensibles à la lumière intense,
sensibilité due parfois à des affections organiques des yeux,
parfois à des habitudes invétérées de fonctionnement incorrect,
parfois à un mauvais état de santé en général.
Pour ces personnes, il serait mal avisées de se mettre à lire directement sous un éclairage de 10 000 Lux.
En suivant les techniques décrites au chapitre de l’insolation (sunning),
elles s’accoutumeront à tolérer une intensité d’éclairage de plus en plus forte non seulement directement sur les yeux fermés et ouverts, mais aussi sur la page imprimée qu’elles lisent.
De cette façon, elles deviendront, par une lente progression, capables de jouir des avantages d’une bonne lumière, avantages dont les privait jadis leur photophobie organique ou fonctionnelle, en les contraignant à faire des efforts de vision dans un crépuscule perpétuel.
Éclairage fluorescent
Quelques mots de la lumière fluorescente, que nous trouvons encore dans les usines, magasins et bureaux, à cause de son prix modique.
On a des preuves que cette espèce de lumière altère la vision d’une minorité de gens qui doivent exécuter un travail minutieux sous un tel éclairage.
La cause de cette action nocive doit être cherchée dans la composition de cette lumière, qui ne provient pas d’une source d’incandescence comme la lumière solaire ou la lumière d’une ampoule électrique.
Et ce n’est pas tout. La lumière fluorescente ne projette presque pas d’ombres.
Par conséquent, l’élément de contraste, si important pour la vue normale, est absent des pièces éclairées par des tubes fluorescents.
Les ombres nous aident à apprécier les distances, les formes et contextures.
Quand les ombres sont absentes, nous sommes privés de l’un de nos meilleurs repères indicateurs des formes réelles et l’interprétation exacte des sensa devient beaucoup plus difficile.
C’est l’une des raisons pour lesquelles les organes de la vision se fatiguent beaucoup plus par temps de nuages élevés avec jour uniforme que par un brillant jour de soleil.
La lumière
fluorescente produit un effet similaire à celui de l’éclat diffus réfléchi par
de minces nuages élevés.
Pour les yeux créés pour s’adapter automatiquement à la lumière d’une source incandescente et pour des esprits habitués à tirer parti des ombres comme guides d’une
interprétation, d’une perception et d’un jugement corrects,
la lumière fluorescente ne peut paraître qu’étrange et trompeuse.
Si par hasard vous appartenez à ces malheureux 10 à 15% de personnes qui ne peuvent travailler sous une lumière fluorescente sans souffrir de baisse de la vision, vous n’avez qu’une chose à faire, c’est de trouver une occupation en plein air ou à la lumière de lampes à filaments incandescents.
Sinon, faites de fréquentes séances de palming et sortez de la fluorescence aussi souvent que possible pour faire quelques minutes de sunning.
La méthode grand écran
Le cinéma constitue un autre et excellent moyen thérapeutique pour l’intolérance à la lumière fluorescente.
Si l’on regarde les films de la manière décrite dans mon précédent article,
Ces films peuvent être merveilleusement reposants et rafraîchissants pour des yeux qui réagissent mal à la composition spéciale de la lumière fluorescente et pour des esprits troublés par l’absence d’ombres et de forts contrastes, conditions que leur impose cette sorte de lumière au cours de leur travail.